Départ au lieu où tu exerceras ton métier.
TU as eu ta nomination ,ami .Tu as bouclé ton sac
et tu es parti avec la foi et l'enthousiasme de la jeunesse et te voici aux prises avec les premières difficultés. Tu avais bâti des châteaux en
Espagne avec la belle confiance qu'on peut avoir à vingt ans. Et tu te retrouves dans un
hameau perdu où dans un douar (petit village) au sommet d’une montagne.Pas de
taxi, pas de poste, pas de caféteria ni pizzéria ,quelques maisons
éparses. Comme horizon, la ferme d'enface, le chemin vicinal, poussiéreux
l'été, boueux l'hiver
L'eau courante reste un luxe. Tu seras donc mal logé, mal chauffé, et séparé du
monde par des kilomètres de chemins, des hectares de culture et de solides conventions
locales. Ici la petitesse des esprits est en
rapport avec l'étroitesse des lieux. Et tu trouveras peu à te -lier.
On t'enviera, on te jalousera, on te méprisera, on essaiera de te
mêler aux querelles, de t'attirer dans un clan ou dans
l'autre.
Ne crois pas à la, légende de l'instituteur respecté de tous, choyé par la population
qui traduit sa reconnaissance par nombre de petits présents. Ce temps
est révolu. Estime-toi satisfait si on respecte ta fonction.
Ne compte sur aucun guide, sur aucun conseiller.
Aux prises avec les difficultés domestiques
et la gêne d'un salaire toujours insuffisant (tu connaîtras les fins de mois angoissantes !) avec les soucis du métier et les exigences de l'opinion
publique, tu-sentiras aux heures de découragement, ton enthousiasme se tarir, ta foi chanceler et tu devras faire appel à tout
ton courage pour ne pas te laisser glisser vers la routine et l'ennui.
Là est le
danger. Comment y échapper ?
SOIS PROBE : Si tu fondais un commerce, si tu
dirigeais une industrie, tu aurais à cœur
j'en suis sûr de fournir les clients de bonne marchandise, de tenir
tes affaires en ordre, et de veiller à la
réputation de ta maison. Et bien, cher camarade,tu es ce commerçant, tu es cet
industriel (bénéfices mis à part !).
Ta maison
c'est l'école. Tu es comptable de sa réputation et tu dispenses une marchandise
précieuse entre toutes : la science.
Je sais bien que pour cette tâche ingrate,
l'Etat ladre ne t'alloue que des subsides. Tu ne demandais pas la richesse, mais un peu d'aisance,
nécessaire à la dignité de ta fonction. Malgré tout, ami, pour toi, pour l'école et
surtout pour ces enfants que tu as à charge, sois un bon ouvrier. Un de ceux qui, à la fin
d'une vie bien remplie, à l'heure où on se trouve face à face avec soi-même, peuvent sans crainte jeter un regard en
arrière.
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