Pédagogie de la
situation problème
Le
plus souvent, il s’agit de situations concrètes (simples en apparence et familières)
avec une consigne demandant une action à l’élève.
Cette
action remet en question ce que l’élève connaît, ou croit connaître (ses représentations)
et le laisse libre quant à la démarche de recherche et de résolution.
Pour
résoudre le problème posé, la seule issue possible est l’acquisition de
l’apprentissage visé.
Exemple : Les élèves reçoivent différentes phrases
contenant chacune un cas d’accord du participe passé, ils doivent trouver
pourquoi (et comment) l’accord se fait dans certains cas et pas dans d’autres.
La
difficulté peut aussi venir du fait que le problème posé par la situation
proposée paraît à priori insoluble ou pose une question insoupçonnée ou qui
interpelle.
De
telles situations sont aussi appelées « défis » ou « situations complexes d’apprentissage à
vivre ».
Parler
de situation problème plutôt que de problème souligne la nécessité de
contextualiser le problème dans une situation qui lui donne tout son sens
et sa réalité.
La
résolution de telles situations passe par des essais individuels, des
confrontations en petits groupes ou en grand groupe ; éventuellement par
l’apport d’indices par l’enseignant.
Elle
est suivie de la formulation explicite des découvertes et d’une phase de
consolidation des acquis.
1 - Distinction entre situation problème et
mise en situation d’apprentissage
- la
mise en situation d’apprentissage est surtout un prétexte qui
n’intervient plus dans la suite de la séance.
-
dans une démarche d’exploitation d’une
situation problème, c’est toute la séance qui est consacrée à la recherche
de solutions au problème posé. Cela suppose que tous les éléments impliqués
dans l’apprentissage visé soient intégrés dans la situation proposée.
La
situation problème se traite en une ou quelques séances. Elle vise surtout un
apprentissage ciblé. Une mise en
situation d’apprentissage par problèmes vise l’acquisition de plusieurs
apprentissages qui peuvent se référer à différents domaines de connaissances et
exiger le recours à des ressources variées.
2 – Intérêts
-
ce qui était un point de départ dans une démarche davantage transmissive
devient un aboutissement dans une démarche fondée sur la résolution de
problème. L’exploitation de la situation problème repose sur le principe
suivant : « l’esprit de celui qui apprend procède non pas du simple au complexe
mais d’une complexité implicite et diffuse vers une complexité explicite et
distincte ».
Seul
celui qui sait déjà peut aller du simple
au complexe (car il sait où il va). Le simple correspond à ce qu’il a identifié
comme un élément d’un ensemble plus complexe.
Ainsi, l’enseignant peut aller de la lettre au texte
littéraire ; le biologiste peut
aller de la cellule à l’homme mais l’élève qui apprend part de ce qu’il
voit, de ce qu’il constate. Il progresse en partant d’une réalité ; en
allant vers la compréhension des composantes de cette réalité ; en passant
d’un fonctionnement vers son explication ; d’un problème vers sa solution.
-
la probabilité de confronter les élèves à des situations qui ont du sens.
Les notions viendront quand elles seront nécessaires pour comprendre, pour
expliquer un fonctionnement. Les
apprentissages sont abordés dans un ordre adapté à la démarche de celui qui apprend en allant de ce qu’il peut
constater d’un fonctionnement vers son explication.
-
l’exploitation de la situation favorise la différenciation car chacun
travaille selon ses compétences, ses acquis, son rythme, son profil pédagogique.
L’inexactitude ou l’inadéquation d’une réponse ne risque guère d’être mal perçue :
l’évaluation des solutions proposées est réalisée par les élèves (leurs
propositions permettent ou non de résoudre le problème posé). La recherche
d’une autre solution peut avoir un effet stimulant.
-
la situation problème peut aider à passer d’une conception linéaire de
l’apprentissage à une conception en spirale (ou intégratrice),
plus adaptée à la construction de compétences, de savoirs opérationnels ou
utilisables. Il s’agit d’un temps de construction de compétences, de déstabilisation
et de rééquilibration.
-
la démarche mentale induite par la
situation problème :
·
favorise le désir d’apprendre car la relation au savoir est
dynamique : le savoir est
perçu, et élaboré, comme un outil pour résoudre une famille
de situations problèmes.
·
permet à chacun d’aborder l’activité selon ses propres moyens, tout en
participant à la construction d’une solution commune.
·
incite à chercher, émettre des
hypothèses, essayer, démontrer, prouver... ces activités mentales contribuent
au développement de compétences fondamentales.
·
provoque chez l’élève une triple
confrontation ou interaction avec :
-
ses propres connaissances antérieures,
-
les autres élèves et l’enseignant,
-
le milieu c’est à dire la
situation, le matériel à manipuler....
·
conforte des acquisitions qui ont été élaborées par les élèves eux-mêmes.
·
provoque chez les élèves une remise en cause de leurs représentations (condition
nécessaire à un apprentissage réel).
·
facilite le transfert des acquis (dans des situations semblables ou proches ). On parle de « pratiques
sociales de référence ».
·
fait évoluer l’expression des élèves. Pour se faire comprendre, ils
doivent faire un effort de communication (donner des explications, apporter des
précisions, justifier, argumenter, nuancer....).
3 - Limites – Mises en gardes - Dérives à éviter
La
pédagogie par situation problème est une modalité d’apprentissage parmi
d’autres. Pour diverses raisons, elle ne peut donc pas être systématique :
- certains
élèves (parfois de « bons élèves » bien adaptés à une pédagogie plus « « conventionnelle »)
n’osent pas chercher, s’aventurer, s’exposer au risque de se tromper, de ne pas
trouver de solutions.
-
des élèves peuvent être se trouver démunis car ils ne savent pas comment résoudre
le problème posé. S’ils ne progressent
pas dans leur recherche, ils risquent de se décourager. Il revient à l’enseignant
de fournir des éléments (indices) pour relancer le travail. Toute la difficulté
est dans le choix des indices à apporter et dans le moment où les proposer (ni
trop tôt, ni trop tard) pour aider les élèves mais en veillant à ne pas donner
la solution.
-
des élèves peuvent contourner le problème ou le résoudre autrement qu’en
construisant l’apprentissage visé. Cet écueil est parfois difficile à éviter
(il met en évidence l’importance du choix et de la formulation de la situation
problème).
-
il peut être difficile (et long) de trouver des solutions problèmes adéquates, de
se mettre mentalement à la place de l’élève pour cerner l’obstacle qu’il est prêt
à aborder. Le recours à des situations problèmes exige des compétences chez
l’enseignant : il doit dominer beaucoup plus largement et en profondeur
les contenus à enseigner pour formuler
des situations pertinentes et pour les exploiter efficacement.
·
Certaines disciplines scientifiques (maths, sciences physiques, SVT...)
semblent plus que d’autres propices à la conception de situations problèmes (démarche
d’investigation scientifique).
4 - Comment faire ?
La
pédagogie de la situation problème constitue une approche par les compétences :
elle précise la place des savoirs dans l’action. Les savoirs sont des
ressources pour :
·
identifier et résoudre des problèmes,
·
préparer et prendre des décisions.
Les
savoirs ne sont valables que :
·
s’ils sont disponibles au bon moment,
·
s’ils parviennent à entrer en phase avec la situation.
Cela
suppose le passage d’une logique de l’enseignement (transmission) à une logique
de l’entraînement sur la base du
postulat suivant : les compétences se construisent en s’exerçant dans des situations plus ou moins
complexes. Il ‘agit d’apprendre
en faisant, de « faire ce qu’on ne sait pas faire ».
Il
n’est pas question d’enseigner uniquement par situation problème. On peut en
revanche mettre en place ce type de démarche pour amener les élèves à
s’approprier d’autant mieux les savoirs qu’ils seront capables de les
comprendre en tant que « réponses à des problèmes, à des
questions ». La pédagogie de la
situation problème est une pédagogie de l’émancipation :
l’enseignant construit une situation et
s’assure de :
·
l’existence d’un problème à résoudre,
·
la nécessité d’apprendre pour le résoudre.
La
pédagogie de la situation problème concourt à trois défis en termes
d’apprentissages :
·
déclencher le désir de savoir
·
favoriser l’appropriation des savoirs
·
permettre à chaque élève d’élaborer progressivement ses procédures
efficaces de résolution de problème.
-
dans un premier temps, chaque élève
est confronté à une situation et à une consigne qui lui demande de réaliser une
action mais en le laissant libre dans la démarche . Cette action remet en
question ce qu’il croyait connaître car aucune solution ou démarche connue ne
convient (ce qui crée une rupture).
Concrètement,
l’enseignant doit se demander ce que devront faire les élèves pour surmonter
l’obstacle ? Comment pourront-ils y parvenir ? Que doit-il leur donner comme consignes et comme outils ?
- après
des essais individuels, il pourra les confronter à ceux d’autres élèves.
(en petits groupes). Il va falloir exprimer des solutions (dans un langage plus
élaboré, plus riche).
- la
dernière étape est la formulation basée sur la nécessité de justifier ce qui
est proposé et d’aboutir à une solution admise par tous : il y a passage
de l’intelligence opératoire (savoir comment faire) à l’intelligence
conceptuelle (savoir pourquoi c’est comme cela qu’il faut faire ;
savoir que c’est ainsi que cela fonctionne....).
Compétences
de l’enseignant mobilisées dans la classe
L’enseignant
doit être en capacité de :
-
formuler, expliciter les consignes (et s’il y a lieu, les ajuster),
-
identifier les résistances des élèves et en tenir compte
-
superviser le travail en cours de réalisation pour :
·
encourager et valoriser la coopération entre les élèves
·
repérer ceux qui ont des difficultés
pour les guider, sans toutefois
faire à leur place.
·
accepter les tâtonnements, les retours en arrière, les erreurs... comme
éléments de l’apprentissage.
·
.....
Rôle
des élèves
L’enseignant
attend des élèves qu’ils :
-
s’impliquent pour acquérir de nouvelles compétences
-
se posent des questions, fassent part de leurs difficultés, de leurs doutes
-
explicitent leurs démarches, leurs raisonnements pour progressivement prendre conscience de leurs manières
d’apprendre, de chercher, de se documenter, de comprendre, de mémoriser, de présenter, de communiquer ...
-
deviennent des personnes qui agissent et réfléchissent aux effets de leurs
pratiques, à leurs manières de travailler. Ils sont progressivement amenés à déconstruire,
à modifier, à faire évoluer leurs savoirs, leurs manières de faire, d’agir, de
penser ...
-
acceptent de travailler avec d’autres élèves, de participer à une démarche
collective....
En résumé
Dans
la pédagogie de la situation problème, le problème se caractérise par un but à
atteindre avec un obstacle à faire franchir à l’élève. L’enseignant
cerne l’obstacle (ou les obstacles) que
l’élève est prêt à affronter pour passer d’un état initial à un état
final :
·
d’une réalité complexe à la compréhension de ses composantes
·
d’une complexité diffuse o une complexité qui devient plus compréhensible
·
d’un fonctionnement méconnu à l’explicitation de celui-ci
·
d’un problème à sa résolution.
Le
problème introduit « l’intelligence pratique ou opératoire »
comme voie privilégiée de l’apprentissage. Une certaine liberté dans la démarche
doit être laissée à l’élève pour franchir l’ (ou les) obstacles
c’est à dire pour savoir comment faire ?
Le
savoir est envisagé comme une réponse à des questions que l’on se pose :
comment faire ? pourquoi est-il possible ou faut-il, faire comme cela
? pourquoi telle organisation
ou fonctionnement ...?
Trois
questions fondamentales sont sous-jacentes :
·
les réponses sont-elles plus fondamentales que les questions ?
·
est-il si important de savoir si les réponses sont vraies ou
fausses ?
·
le plus déterminant pour la pensée est-ce de résoudre des problèmes ?
Une
situation problème :
·
interpelle l’élève confronté à une situation nouvelle qu’il ne sait au
départ pas résoudre. La connaissance qu’il va
acquérir à partir de cette
situation constitue le meilleur moyen de résolution du problème,
·
est liée à un obstacle repéré, défini et considéré comme franchissable
par l’élève,
·
fait naître un questionnement ; l’élève doit pouvoir s’approprier
le problème (il ne répond plus aux seules questions de l’enseignant),
·
crée une, ou des ruptures, qui amène(nt) l’élève à reconsidérer
des représentations, des explications
initiales lorsqu’elles sont inadaptées,
incomplètes, erronées ...
·
correspond à une situation complexe, si possible liée au réel, qui peut
déboucher sur différentes stratégies
possibles et sur diverses réponses acceptables,
·
permet à l’élève de prendre des initiatives et de les
assumer ((mobilisation de moyens pour vérifier et valider la pertinence
d’une solution). En cas d’erreur, l’enseignant intervient pour la faire
rectifier).
·
débouche sur un savoir d’ordre général (notion, concept, règle,
principe, procédure...)
Les élèves
|
L’enseignant
|
1 – Lister les questions que les élèves vont
devoir se poser.
2 – Identifier les compétences mobilisées
ou/et développées par les élèves
|
1 – Repérer le(s) changement(s) que cette méthode
induit dans la pratique pédagogique de l’enseignant
2 – Indiquer les points du programme explorés.
|
Une situation problème : Que va-t-il advenir de Gisèle ?
Gisèle
est âgée de 77ans. Veuve, elle vit dans un modeste appartement de 4 pièces dans
un quartier proche du centre ville.. Retraitée, elle perçoit l’allocation de solidarité aux
personnes âges (ASPA) de 742 euros par
mois. Elle est affiliée au régime général de la sécurité sociale.Le mois
dernier, à la suite d’une chute dans sa salle de bain, elle a été hospitalisée
pour une fracture du col du fémur.
La
rééducation touche à sa fin et Gisèle pourra bientôt sortir de l’hôpital.
Le
bilan pratiqué par le rmédecin gériatre
du service avant la sortie révèle qu’un contrôle quotidien de la glycémie devra
être effectué par un personnel infirmier car Gisèle présente un diabète.
Les
fonctions mentales ne sont pas altérées, Gisèle est autonome, elle fait preuve
de discernement et sait gérer son
budget.
Sur
le plan locomoteur, ses fonctions ne sont que partiellement récupérées ;
Gisèle se déplace avec un déambulateur. Elle a du mal à effectuer seule sa
toilette. Elle ne peut plus faire seule son ménage et ses courses.
Gisèle
a deux enfants : son fils vit à 400 kms de chez elle ; sa fille
habite à proximité, dans le même quartier, mais son travail d’hôtesse de l’air
l’amène à de fréquents déplacements hors de France.
Pour
le retour à son domicile, Gisèle et sa famille s’interrogent sur les conséquences
de cette situation sur sa qualité de vie et sur ses ressources.
Gisèle
doit rentrer chez elle dans les meilleures conditions possibles.
Modalités de travail.
-
Travail par groupe de 3 élèves sur 3 semaines
-
A la fin de chaque séance, bilan intermédiaire écrit
-
Restitution : un exposé oral avec supports visuels.
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